Panorama : électronique et technologies médicales, un duo en pleine effervescence

L'électronique façonne en profondeur notre médecine moderne. Derrière chaque dispositif d’imagerie, chaque moniteur de patient, chaque implant intelligent, il y a le savoir-faire patient et pointu des ingénieurs en électronique. En France, ces professionnels sont à la croisée des chemins entre haute technologie, innovation médicale et réponse à des enjeux de santé publique majeurs.

Le secteur des technologies médicales pèse lourd dans l’économie nationale : plus de 1 500 entreprises de dispositifs médicaux emploient environ 94 000 personnes en 2023 (source : SNITEM). La transformation numérique et la miniaturisation accrue des équipements rendent l’électronique absolument centrale dans ce paysage.

Missions : pourquoi les ingénieurs en électronique sont indispensables en santé

Le spectre des activités d’un ingénieur en électronique santé s’étend du développement de capteurs à la supervision de chaînes de production, en passant par l’optimisation de systèmes embarqués et la validation de normes strictes de sécurité.

  • Conception de dispositifs médicaux : défibrillateurs, scanners, IRM, pompes à insuline, capteurs connectés, logiciels embarqués, etc.
  • Sécurité et conformité réglementaire : respect strict des normes (ISO 13485, MDR UE, IEC 60601).
  • Innovation R&D : exploration de solutions comme l’électronique flexible pour de nouveaux implants, ou le développement d’IA intégrée à des capteurs.
  • Maintenance, fiabilité, analyse du cycle de vie produit: diagnostic et intervention sur des équipements de pointe dans des environnements très réglementés.
  • Interface utilisateur et ergonomie : contribution à la création de dispositifs plus accessibles, plus compacts et moins énergivores.

Des compétences en évolution rapide

L’évolution rapide du secteur impose aux ingénieurs en électronique une montée en compétences régulière :

  • Maîtrise des microcontrôleurs (STM32, Arduino Pro, etc.) et des protocoles de communication (CAN, SPI, Bluetooth Low Energy).
  • Compréhension des enjeux de cybersécurité pour la protection des données de santé (exigence croissante face à la multiplication des dispositifs « connectés » / IoT médical).
  • Connaissance approfondie des matériaux et composants miniaturisés : passage du silicium vers de nouveaux substrats, intégration de MEMS (systèmes micro-électro-mécaniques).
  • Capacités de prototypage rapide (conception PCB, impression 3D, simulation électronique via logiciel).
  • Sensibilité clinique et compréhension des besoins métiers : les échanges avec le personnel médical et les utilisateurs finaux font partie du quotidien pour mieux ajuster l’innovation à l’usage réel.

Domaines d’application majeurs : au cœur de l’hôpital et du domicile

Le champ d’intervention des ingénieurs en électronique s’est graduellement élargi. Quelques axes phares :

  • Imagerie médicale :
    • Réalisation de cartes électroniques permettant de générer et d’analyser des signaux complexes (IRM, scanner, échographie).
    • Optimisation de la résolution, de la vitesse de traitement et de la fiabilité des systèmes d’imagerie.
  • Prothèses actives et dispositifs implantables :
    • Pacemakers, neurostimulateurs, pompes à médicaments intelligentes nécessitent microélectronique ultra-fiable et miniaturisée.
    • Défi : autonomie énergétique et longévité sans faille dans un environnement biologique exigeant.
  • IoT médical et télémédecine :
    • Bracelets connectés, bornes de télésuivi, inhalateurs «smart» : conception hardware et gestion du flux continu de données vers les soignants.
  • Robotique médicale :
    • Gestion fine de moteurs, capteurs et systèmes embarqués pour l’assistance chirurgicale ou la rééducation robotisée.
  • Monitoring hospitalier et ingénierie biomédicale :
    • Alimentation et connectique sécurisées pour l’équipement lourd (lits connectés, pompes à perfusion, etc.).

Un chiffre marquant : rien que pour l’imagerie médicale, le marché français des équipements (IRM, scanners, etc.) a dépassé 1,38 milliard d’euros en 2022 (source : SNITEM). Chaque innovation nécessite des profils électroniques au plus haut niveau.

Recrutement : où sont les opportunités ?

Parmi les 94 000 collaborateurs du secteur, les fonctions d’ingénierie et technique représentent environ 25% du total, soit près de 24 000 emplois (SNITEM). Les recrutements se font aussi bien dans les grands groupes (GE Healthcare, Philips, Siemens Healthineers, Biomérieux…) que dans les PME innovantes et les startups medtech.

  • Grandes entreprises :
    • Postes de R&D (conception de nouveaux dispositifs, amélioration continue).
    • Ingénierie d'intégration et de compatibilité électromagnétique, très recherchée par les fabricants de dispositifs hospitaliers.
  • Startups et PME :
    • Profils polyvalents, expérimentés dans le prototypage, prêts à naviguer entre électronique, logiciel et réglementaire.
    • Participation directe à la «French Medtech» : plus de 800 startups recensées fin 2023 (France Biotech).
  • Prestataires et sociétés d’ingénierie :
    • Externalisent tout ou partie de la conception de cartes, firmware, protocoles embarqués.
    • Montée en puissance du marché de l’ingénierie à façon.

Salaires et évolution de carrière

  • Débutant : entre 36 000 et 42 000€ bruts annuels.
  • Expérimenté (5-10 ans) : jusqu’à 55 000-65 000€.
  • Responsable de pôle/chef de projet : entre 60 000 et 80 000€, voire davantage selon la taille de l’entreprise et le périmètre responsabilités.

(Sources : Apec, FIEEC, études rémunérations du secteur)

Valorisation des talents : des attentes en hausse sur le marché français

Si le nombre de diplômés en électronique reste stable (environ 6 000 sortants par an selon l’Union des Professeurs de Sciences et Techniques Industrielles), l’appétence pour le secteur santé croît. Deux évolutions intéressantes :

  1. Transfert d’ingénieurs issus de l’automobile, de l’aéronautique ou de l’embarqué : le secteur médical attire par la quête de sens, propose des projets challengeants et une stabilité relative. L’expertise en sécurité ou miniaturisation est un atout majeur.
  2. Montée des doubles compétences : de plus en plus d’ingénieurs allient électronique ET science des données, ou encore électronique ET biomédical, profilés pour travailler sur l’IA médicale ou la conception de dispositifs connectés.

Les entreprises intensifient leurs efforts pour fidéliser ces profils rares : intégration d’unités R&D à l’université, accords avec les écoles d’ingénieurs et cursus mastères spécialisés orientés santé (voir CentraleSupélec, Grenoble INP, ISEN, Polytech Lille, etc.).

Quels défis à venir pour les ingénieurs électroniques en medtech ?

  • Règlementation : L’arrivée du Règlement Européen sur les dispositifs médicaux (MDR) impose de nouveaux protocoles de test, d’analyse de risques et de documentation. Cela accroît la charge sur la traçabilité électronique et la cybersécurité.
  • Vieillissement de la population : L’adaptation des dispositifs pour la prise en charge de maladies chroniques et la télémédecine augmente : de nouveaux outils de suivi à distance, de monitoring ambulatoire, etc.
  • Développement durable : L’éco-conception des dispositifs médicaux électroniques (matériaux recyclables, consommation réduite) devient une exigence économique et réglementaire.
  • Interopérabilité des équipements : la capacité des dispositifs à communiquer entre eux, à s'intégrer dans des plateformes ouvertes et à faciliter la gestion des données patients s’impose comme une priorité majeure.

L’innovation électronique, moteur de progrès pour la santé française

La France dispose d'un vivier de talents et d’un écosystème medtech particulièrement dynamique. Les ingénieurs en électronique y jouent un rôle d’architectes invisibles mais essentiels : ils permettent la miniaturisation, garantissent la robustesse, facilitent l’émergence de traitements personnalisés et d’un suivi de santé à distance fiable et sécurisé.

Le recours croissant aux jumeaux numériques pour simuler l’effet de dispositifs implantés, l’intégration de microcapteurs autonomes pour surveiller des patients à domicile, ou encore la connectivité des outils de télésurveillance montrent à quel point l’électronique est le socle des soins de demain.

Travailler dans les medtech comme ingénieur en électronique, c'est donc conjuguer défis technologiques, impact social et opportunités de carrière durables. Un véritable moteur d’avenir dans une industrie qui retrouvera toujours au cœur de ses succès : le talent et l’engagement de ses ingénieurs.

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